Admettons tout d'abord, que dans le rapport de force qui oppose la société civile Mauritanienne organisée au régime militaire hybride qui dirige le pays, la balance penche largement en faveur des derniers.

L'une des raisons de l'existence de ce considérable écart de force, entre les volontés humaines et sociales qui peuplent la Mauritanie et l'Armée d'autre part, est la peur. Sentiment plus que compréhensible, quand l'adversaire en armes possède la légitimité de tirer et de tuer.
La peur paralyse et elle permet aux autres d'agir.
Nous avons sacrifié une génération entière aux militaires, par peur, par crainte, par anticipation du lendemain. De cette peur est née des frustrations, des complexes, des dénis de la réalité. Incapables d'expliquer notre faiblesse envers le fort, nous avons conjurés le peu de ce qui nous restait d’énergie et de dynamisme, à nous évertuer à renier nos liens communautaires, sociaux et religieux.
Notre seule force, c'est l'union.
Le pragmatisme mathématique de l'utilité de cette union est évident et saute aux yeux de celui qui veut bien regarder. La convergence des intérêts du plus grand nombre, est de taille à pouvoir se mesurer rationnellement à un pouvoir décadent et dont les méthodes appartiennent au siècle dernier. L’impossibilité de cette convergence et de la formation d'une telle alliance populaire, est à chercher du côté des acteurs du paysage politique.
Les Mauritaniens ont aussi une énorme responsabilité.
Les représentants des électeurs mauritaniens ne sont pas la hauteur de ce défi, parce qu'ils ne sont pas sélectionnés par les Mauritaniens, avec à l'esprit le désir d'offrir des talents, des compétences, des intégrités, des caractères, des idées, des visions, à la patrie reconnaissante. Les Mauritaniens doivent impérativement comprendre, que le choix des hommes et des femmes politiques, est primordial dans l'instauration d'un changement politique quelconque.
Avoir le courage d'aborder les problèmes franchement.
Une fois ce renouvellement des têtes de proues effectué, la convergence établie, il ne reste plus qu'à tacler la présence de l'éléphant dans notre salon. Comment déloger définitivement l'oligarchie militaire au pouvoir en Mauritanie, sans l'anéantir ? Parce qu'il serait vain de penser, que ces derniers partiront d'eux-mêmes. Tout comme il serait inconséquent et dangereux d'imaginer, entamer une lutte armée ou favoriser des rebellions de ce genre, contre eux.
La seule voie pacifique est la négociation.
En tant que jeune nation, nous avons déjà eu notre lot de souffrances, d'injustices, de regrets et de remords. Nous avons le droit d'attendre mieux de l'avenir. Pour le préparer, nous devons être réalistes et logiques. Nous ne pourrons avoir d'avenir qu'ensemble, ce qui exige de nous des efforts. La Mauritanie est un très grand pays, avec des richesses naturelles et humaines inestimables, qui peut mettre en place des politiques publiques ambitieuses, qui mérite d' être mieux administrée, qui doit être transparente à tous les échelons institutionnels, offrir des perspectives crédibles aux populations, renforcer nos infrastructures, développer des nouveaux secteurs d'activités économiques.
Cet avenir qui est possible et envisageable, ne tient qu'à une décision de notre part, celle de discuter des termes qui conduiront les chefs du régime militaire actuel, à abandonner le pouvoir aux civils sans crainte de représailles pour eux, leurs familles et leurs affaires.