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La liste des trébuchements.

Dernière mise à jour : 28 juin

Notre général président, l'homme au destin ingrat, depuis son avènement, aime à enfermer les gens dans un calvaire judiciaire. Activiste, internaute promu blogueur et blasphémateur en chef, abolitionniste sur le retour, sénateur, député, candidat, journaliste, colonel à la retraite, hommes d'affaires milliardaires, personne n'est à l'abri.

Il dégaine la police et la justice plus vite que son ombre.

Notre général président est très procédurier. Il instrumentalise le pouvoir judiciaire à sa guise, affaiblissant l'exercice de son indépendance aux yeux de la population et des observateurs étrangers.


L'absence de séparation des pouvoirs est un indicateur important pour qui se prétend vivre en démocratie. L’exécutif ne respecte manifestement pas le pouvoir législatif et judiciaire, il empiète largement sur leurs prérogatives et ridiculise les hommes et les femmes qui font exister ces institutions.


Ce qui rend la chose ironique, c'est qu'en amenuisant de la sorte le pouvoir des institutions et celui de leurs représentants, notre général président nous accorde le droit de penser, que le pouvoir exécutif dont il est le premier représentant, n'est pas plus digne de nos égards ou de notre considération.


Une fois ce rempart mental éliminé des esprits, l'image de l'autorité change et se dessine le méprisant visage de la tyrannie. Tout devient alors possible pour ceux qui veulent endosser les uniformes de restaurateurs d'un ordre social chimérique, d'une justice introuvable qui se fait attendre, d'un droit qu'ils prétendent révérer, sans oublier le plus important, celui de sauveurs du peuple!


Comme le disait Romain Rolland : " Quand l'ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice." Le chaos, cette violence enfantée par l'égoïsme, comprenons-le, est l'avorton d'une matrice empoisonnée qui refuse de lier son destin à celui de la communauté. La justice en meurt mais le rejeton informe vivra, avide et sans scrupule, il s'agit de la corruption. Si elle se drape souvent de débrouillardise ou de nécessité urgente, elle fait aussi apparaître l'ignorance et la sottise de ses habiles victimes, opportunistes et résignées. Elle indique aussi que le général président est nu. Son régime est caduque.


L'exemple de l'impunité qui conduit à l'anarchie et au chaos.


Comment exhorter les populations à la retenue, au respect des lois, à la cohésion, quand n'importe qui parmi nous est capable de voir qu'au sommet de cette hiérarchie imaginaire, se trouve un petit monde qui croit être intouchable ?


La hausse de la criminalité en Mauritanie est un corollaire évident de l'injustice sociale et à mon avis, aussi, le fruit d'une exposition non maîtrisée aux nouvelles technologies et aux nouveaux média, qui explique la nature inédite et horrible des nouveaux crimes, qui sont perpétrés sur notre territoire.


L'Etat en Mauritanie ne fait plus son travail depuis longtemps, d'où le recours des populations au mode traditionnel d'organisation de nos sociétés que sont le communautarisme, le tribalisme, le régionalisme, le racialisme ou pire encore l'adhésion irréfléchie, servile voire zélée aux doctrines libérales de l'économie.


Cette déresponsabilisation sociale de l'État, cumulée à une arrogance de classe dont les fondements sont basés sur la dilapidation des biens de la nation et la déconstruction des institutions, ne peut que provoquer le mécontentement populaire. Car ce qui boue sous la surface est condamné à remonter et inexorablement la sourde revendication devient rébellion ouverte, visible et audible.


Les pauvres et les pacifistes ont aussi leurs limites.


L'être humain est une créature imprévisible dans les situations difficiles, aussi il vaut mieux ne pas tenter le diable, en poussant trop loin sa capacité à transiger avec l'intolérable. Il a certes besoin d'ordre et de stabilité pour vivre, mais il a prouvé à travers l'histoire qu'il savait survivre sans et s'adapter à la réalité du moment.


Le pouvoir exécutif a permis, que la justice Mauritanienne soit ridiculisée, autant dans son action de poursuites contre un citoyen pour crime de blasphème, que pour sa condamnation à mort ou que sa remise en liberté (surveillée?) subséquente.


Je veux dire, soyons sérieux deux secondes, soit vous avez détruit la vie d'un homme innocent, soit vous l'avez accusé sans preuves, soit vous aviez raison et donc sa condamnation était justifiée et vous devez l'assumer, soit vous aviez tort depuis le début et c'est à lui que vous devez des excuses ou des dédommagements. Quoiqu'il en soit, la justice n'a été ni recherchée, ni atteinte, ni servie.


Pendant ce temps, on dégrade la justice en faisant des petites vendettas personnelles, contre tout ceux qui contestent efficacement les écarts inadmissibles de ce régime. En s'attaquant ouvertement à des élus, des colonels à la retraite, des anciens complices milliardaires, des candidats et j'en passe, le général président nous dévoile sans le vouloir, l'émergence de nouvelles alliances possibles entre les élites intellectuelles, militaires, politiques, financières, religieuses et les masses populaires.


La fermeture spectaculaire de l'université des savants religieux est un indicateur très défavorable à mettre sur la liste déjà longue des trébuchements de ce régime. L'ennui avec les obstacles, c'est que même quand on est un funambule confirmé et qu'on arrive à en éviter beaucoup, la chute fait invariablement partie de l'expérience. Et il est des chutes dont malheureusement on ne se relève jamais.

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