L'indépendance, ce n'est pas juste un mot que l'on jette à la face d'un oppresseur, pour lui signifier ce que l'on espère dorénavant de l'existence. L'indépendance, c'est la démonstration physique, intellectuelle et spirituelle, du désir de conserver sa liberté, dans l'intention bien affirmée de ne plus jamais la perdre.

Celui qui ne voit pas la configuration catastrophique dans laquelle nous nous trouvons, ne le veut tout simplement pas. Par peur de devoir prendre une décision, par lâcheté face à la menace ou par esprit de complicité.
Pour résumer, nous avons des foyers d'instabilité qui se déclenchent les uns après les autres, que l'étincelle soit allumée de l'extérieur ou qu'elle le soit par les forces populaires réclamant un changement intérieur. Cette activité est concomitante à la présence de nombreuses forces armées, dont certaines sont internationales (ONU), d'autres sont le fruit de coalitions occidentales et le reste, Françaises (Barkhane), anglaises et américaines (Africom).
Loin de nous l'intention d'oublier les acteurs imprévisibles de ce récit, les groupes paramilitaires constitués sous une bannière religieuse, les milices qui fonctionnent sur le principe du mercenariat ou par appartenance sectaire, tribale et ethnique. Les contrebandiers, les trafiquants de drogues et les passeurs qui sont tout aussi armés, dangereux et susceptibles de former des alliances avec les précédents.
Une partie de ce beau monde s'impose dans notre cour, munie d'une autorisation forcée, mise sur le dos bien large de la lutte contre le terrorisme. L'autre partie, semble lui servir de caution pour pénétrer la souveraineté territoriale des états, traverser les frontières et s'établir dans des zones d'influence géostratégique. L'ironie de cette situation, c'est que nous la devons à la gestion martiale, criminelle et unilatérale des conflits dans le monde, notamment au moyen orient, par les USA.
Ce qui se dessine à l'horizon n'est pas très bon, si on s'en tient à l'alliance aberrante entre les monarchies du golfe, Israël, certains pays du Maghreb, l'Egypte et les USA. Voilà une conformation qui n'annonce rien de bien positif. Il faut aussi prendre en considération l'Ethiopie et l'Érythrée (Corne de l'Afrique), qui font l'objet d'une attention particulière de la part de la monarchie saoudienne. Quand je dis rien de bon ou rien de bien positif, cela dépend en vérité de la lecture qu'on fait des événements et de son propre positionnement.
En effet, on est en droit de considérer que le potentiel de ces alliances est de nature à déboucher sur la paix dans la région, de l'emploi à foison, des réunifications territoriales visant à rétablir un équilibre ethnolinguistique et religieux, une ère de profits et de succès mieux partagée. D'un point de vue purement pragmatique et opportuniste, il est évident que s'allier avec des nations riches et puissantes est plus avantageux que le contraire.
Ouvrir des portes ouvertes ne sert pas à grand chose vous en conviendrez ?
L'objectif en vérité n'est pas l'alliance ou ce qu'elle semble promettre. L'alliance n'est qu'un moyen, un vecteur, devant servir au principal objectif, celui d'exercer un contrôle sur une région allant de l'océan atlantique à la mer rouge et de la centraliser. Pour les monarchies du golfe arabique, il s'agit de s'assurer que les pays de cette région, qu'ils considèrent sunnites et donc relevant de leur "autorité", suivent bien les orientations d'un plan, qui a été concocté sans la connaissance ni l'approbation des populations qui y vivent.
Cette volonté de main mise sur le grand Maghreb fait écho à celle d’Israël, qui doit pour poursuivre la direction géopolitique prise depuis quelque temps au proche orient (annexion de Jérusalem par la reconnaissance unilatérale US), s'assurer que cette région qui représente un vivier humain considérable, se tienne tranquille en étant soit occupée à profiter d'une soudaine prospérité, soit plongée dans des révolutions sanglantes et autres conflits intérieurs ou frontaliers.
Les méthodes de ces monarchies varient, suivant les relations qu'elles entretiennent avec les dirigeants des pays de la région. Pour quelques-uns, la corruption et la pression de la dette suffiront, pour d'autres, l'introduction de groupes terroristes feront l'affaire. Les USA, les monarchies du golfe et Israël ont un intérêt commun à l’assujettissement voire à la destruction de la république islamique d'Iran.
Le Yémen subit actuellement les foudres de la monarchie saoudienne, parce que cette dernière veut à tout prix conserver le contrôle sur le golfe d'Aden. Maîtrise qui a été profondément ébranlée par le renversement de feu l'ancien président Ali Abdallah Saleh, marionnette de la couronne saoudienne dans ce pays, par un groupe rebelle local désigné sous l'appellation de Houthis.
L'obsession chiite du royaume saoudien, des émirats et autres sultanats de la péninsule arabique, tient au fait que l'Iran, le pays chiite par "excellence", est non seulement en mesure de rayonner culturellement, de briller intellectuellement, d'occuper de l'espace sur la scène mondiale, de soutenir internationalement les populations musulmanes qu'elles soient sunnites ou chiites, mais surtout d'être en mesure de se défendre militairement et donc potentiellement de changer l'équilibre des forces au moyen orient.
Avant de partir sur la comète en m'expliquant que les Houthis sont des chiites et que par conséquent l'Iran soutiendrait leur révolte par sectarisme. Il faut que vous sachiez que la réalité confessionnelle sur le terrain est comme suit pour les sunnites: une fourchette de 60 à 75% de la population et pour les chiites Zaïdite une fourchette de 25 à 40%.
Ce pays est complexe, les simplifications n'aident personne à y voir plus clair.
Il vous suffit de prendre une carte du monde pour voir où se situe le Yémen par rapport à l'Iran, il vous sera facile de constater que c'est un faux procès qui est fait à cette population arabe chiite du Yémen. Les gens qui pensent et véhiculent ces idées sur eux sont les mêmes qui ont favorisé l'implantation de groupes comme Al-Qaida, Daesh et autres cellules dans ce pays pour initier une sorte de contre-feu. Le Yémen a le droit souverain d'avoir les relations bilatérales qui lui plaisent, nul n'a le droit d'intervenir dans cette décision en dehors des Yéménites.
La raison de leur révolte et la racine de leur détermination à poursuivre cette lutte, en dépit de la famine, des bombardements et autres agressions, sont à trouver dans l'influence néfaste d'un voisin un peu trop arrogant et dans l'ingérence de ces chiens de chasse régionaux.