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Julian Assange, le héros qui dérange.

Dernière mise à jour : 22 août 2021

Quand un journaliste peut pirater, à la source, des entités, des organisations et des institutions, volontairement ou involontairement inféodées à l'Empire, détenant des informations capitales, sensibles, secrètes, de nature à faire la lumière sur les motifs à l'origine de conflits, de guerres et de crimes contre l'humanité, que devrait-il faire ?


La réponse du monde libre pour l'individu qui s'y risquerait, est d'aller trouver refuge dans une ambassade du tiers monde latino américain, en plein cœur de Londres. Seul un homme qui se sent traqué et aux abois peut faire un tel non-choix. Car l’expérience nous le démontre encore tristement, les pays du tiers monde, sont le pire asile qui soit pour protéger la vérité ou la justice.


Les pays pauvres, très endettés ou en voie de développement, n'ont que des dirigeants paillassons, invertébrés et venimeux de surcroît. Bien sûr, nous avons les perles rares, les petits miracles, les leaders de l'âme des peuples, qui vivent les détresses et ressentent les espoirs des Hommes du passé, du présent et de l'avenir, qui comprennent les enjeux, les ressorts, les mécaniques d'une machine d'exploitation. C'est une variété qui ne pousse malheureusement pas sur les arbres, n’apparaît pas à chaque génération et n'est définitivement pas éternelle.


Les pays de l'Amérique latine ont pour moi un intérêt tout particulier, car ils représentent le franchissement d'un stade de l'émancipation politique, militaire et intellectuelle, face à une puissance coloniale et impériale, que nous n'avons pas atteint en Afrique. Prendre conscience, que cette avance indéniable de l'esprit et de la volonté sur la peur et la division des corps, ne les empêchent nullement, du fait sans doute de la pression de leur proximité géographique avec l'empire, de demeurer aussi vulnérable que nous le sommes aux forces de l'argent, est une terrible leçon.


Julian Assange est notre poisson pilote, il a ouvert la voie à une nouvelle version du journalisme engagé. Il n'y a pas de politesse à avoir envers des institutions, des organisations, des services, qui utilisent les lois et le droit international, pour couvrir des actes, des alliances, des comportements, qui menacent très directement, la persistance de l'acceptation du respect de ces lois et de ce droit.


Par son action et la création de WIKILEAKS, il a prouvé que la vie des peuples du tiers monde avaient une valeur à ces yeux et aux yeux de ceux qui travaillent avec lui ou veulent lui ressembler. Il a réhabilité un lien humain inestimable, une solidarité fondamentale, quelque chose de l'ordre du spirituel, qui valide une idée ancienne et permanente : " tout être humain est digne de vivre et d'exister". Aucun pouvoir sur cette planète ne saurait étouffer cette réalité intrinsèque et universelle.


Tandis que nous assistions impuissant à l’oppression de nos frères du tiers monde, aux violations du droit international par les pays les plus puissants du monde, à l'impunité dont ces derniers continuent de bénéficier pour avoir déporté, extradé, torturé, exécuté sans jugement, des ressortissants de pays majoritairement pauvres. Julian Assange nous a fait l'effet, d'une respiration de l'espoir, car ce nœud qui se serrait inexorablement sur nos gorges, semblait tout à coup moins ferme et notre cou plus solide. Il y a une corde à saisir, soit nous la tirons tous ensemble pour sortir du gouffre, soit elle servira à nous pendre au-dessus de lui.


La reconnaissance que nous devons à Julian Assange, c'est d'abord et au moins de le protéger au nom de la liberté d'expression, de la liberté d'information et du droit de savoir du public. Autrement, nous pouvons d'ores et déjà être assuré, que le visa pour la censure que nous octroierons par notre inaction, relativisera pour longtemps la nature de la liberté de la presse en occident.


Les sources susceptibles de fournir des informations se tariront, la mort de journalistes comme Jemal Kashoggi deviendra la norme pour les collègues des pays du tiers monde. Très vite le caractère irrespirable de ce climat anxiogène, l'imprévisibilité des réactions des uns et des autres, rendra le monde dans lequel nous vivons soudainement beaucoup plus dangereux pour chacun.


" Quand la vérité est remplacée par le silence, le silence est un mensonge."

Yevgeny Yevtushenko

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