L'acquisition de l'information en Mauritanie, est un parcours du combattant pour le journaliste ou le reporter, qui doit suivre une route balisée, afin d’effectuer correctement son travail de traitement, d'analyse, de vérification et de mise en contexte des données recueillies.

Quand la seule piste que vous avez est d'ordre purement logique.
Suite à l'éloignement politique d'avec l'ancienne puissance coloniale tutélaire qu'est la France, provoqué notamment par le soulèvement de l'affaire du capitaine Ely Ould Dah, dans le dossier du passif humanitaire, le régime du Président Ould Taya a effectué un rapprochement très voyant avec une puissance coloniale bien actuelle, je veux parler bien sûr d’Israël.
La logique qui était à l'oeuvre je suppose, devait provenir de la constatation au niveau mondial et particulièrement auprès de la première puissance (USA), de l'influence qu’Israël était en mesure d'exercer positivement ou négativement, sur le sort d'un État. L'intérêt pour le régime de Ould Taya était de survivre et de se protéger des représailles éventuelles de la France, en s'assurant le soutien des Israéliens. Ce qui en suivant notre logique, nous assure la clémence des Américains, qui ont pour vassaux les Français. La boucle étant bouclée, le régime a bénéficié de 10 ans supplémentaires au pouvoir.
En démarrant cette séquence Israélienne, le régime de Ould Taya a ouvert une porte qui ne peut plus être refermée. La reconnaissance d’Israël comme un état souverain, fait partie de l'Histoire moderne de la Mauritanie. Peu importe les ruptures que vous vouliez engager avec cette réalité, c'est un fait qui nous sera associé à présent et dans l'avenir. L’honnêteté intellectuelle m'oblige de vous dire, que ces relations font toujours l'objet de l'attention de nos chancelleries, comme nous l'a prouvé la participation de l'ambassadeur(e) de Mauritanie en France au dîner du CRIF en 2017.
Vous pourriez m'objecter que cette logique n'est pas si évidente que cela, qu'il s'agit sans doute d'un concours de circonstances, que nous sommes trop pauvres et trop éloignés pour susciter l’intérêt d’Israël. C'est perdre de vue, la position non enviable de pays colonisateur qu'endosse I'État hébreu, ainsi que les crimes dont l'occupation se rend coupable aux yeux du monde et des observateurs internationaux. Chaque pays de la Ligue Arabe ou du monde musulman, qui reconnait la souveraineté d’Israël, affaiblit du même coup la lutte d'auto-détermination du peuple palestinien et leur légitimité sur la terre de Palestine.
Nos amis chrétiens diraient que c'est du pain béni et nos cousins juifs répondraient par la formule consacrée Mazel tov !
Pour votre édification sur le sujet, je soumets à votre auguste attention une interview d'Alain GRESH à RussiaToday :
Quand la connaissance de vos contemporains et votre intuition s’entremêlent.
Le phénomène terroriste en Mauritanie, est l'un des sujets sur lequel nous devons réfléchir de manière urgente et sérieuse . Il n'y a que les occidentaux pour penser, que le monde musulman n'existe et ne réagit que par rapport à lui. En vérité, le monde musulman opère des changements, des mutations et une revivification intellectuelle et spirituelle, d'abord pour son propre compte. Certes, le présent ordre du monde veut que l'Occident joue un rôle prédéterminant, dans les mouvements et dynamiques militaires, idéologiques et économiques, qui sont les vecteurs naturels, qu'empruntent les rapports de force.
Nous ne pouvons donc pas les ignorer ou les extraire de l'équation, ni même prétendre qu'ils n'ont aucune influence ou capacité de nuisance. Il n'est pas étonnant à ce titre, de retrouver les grandes puissances occidentales du capitalisme mondial et les fondateurs du terrorisme international à caractère islamique, dans une oeuvre collective de nature guerrière, contre la puissance soviétique communiste en Afghanistan.
Plusieurs idéologies vont se heurter, s'additionner et finalement s'annuler. Aux spectateurs musulmans, on concoctera une histoire capable de raisonner dans sa conscience, celle de combattants de la liberté qui en terre musulmane, luttent contre la puissance occupante communiste et athée. Cette histoire servira à cautionner l'alliance avec les USA, pays qui affirme haut et fort sa croyance en Dieu et qui promeut la liberté dans le monde.
Ce récit sera la base légitime, sur laquelle un recrutement international sera opéré. Les canaux de financements à l'époque, passaient déjà par des organisations ou des fondations, dont les buts étaient humanitaires et solidaires. L'idéologie religieuse ou intellectuelle matérialiste, ne servait qu'à cacher des réalités géopolitiques et des volontés d'hégémonie sur le monde, beaucoup plus dramatiques pour les peuples à long terme.
Ce que nous devons retenir, c'est que ce phénomène terroriste à caractère islamique, naît dans certaines conditions sous la protection bienveillante et les encouragements de certains parrains. Les commentateurs parlent d'une nébuleuse pour décrire l'organisation de ces groupes terroristes. Nous n'avons pourtant pas affaire à des extraterrestres, fantômes ou à des esprits frappeurs, mais bien à des être humains avec des origines, des identités, des papiers, des besoins, des motivations, des objectifs, de la famille. Des êtres humains qui communiquent, qui se déplacent, qui vont acheter des vivres, qui se font soigner, qui font du business et même de l'humanitaire.
La défiance que les commentateurs manifestent, à l'idée de rentrer dans les détails du fonctionnement de ces groupes et organisations, provient du fait qu'ils devront aussi vous en exposer les failles argumentaires et structurelles. Ces groupes fonctionnent comme des marques, qui une fois la promotion médiatique lancée et la réponse du public visé favorable, s'exportent un peu partout où quelqu'un veut bien ouvrir une franchise. L'ennui c'est que ces groupes sont des organisations criminelles, ils ne vendent pas des vêtements ou des chaussures, ils déstabilisent des pays et dispersent des populations par leurs exactions meurtrières.
Depuis que les USA et leurs alliés ont déclaré la guerre au terrorisme international à caractère islamique, celui-ci a proliféré de manière exponentielle, au point d'en arriver à posséder un État à cheval entre l'Irak et la Syrie. Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'expansion de ce phénomène terroriste dans de telles conditions est une énigme.
Face à cette confusion, les pays comme le nôtre sont en grand danger et doivent trouver des voies et moyens, pour se prémunir contre cette menace. On a pu lire dans la presse, que le régime militaire en Mauritanie avait eu des contacts ou des pourparlers secrets, avec certains de ces groupes parcourant la région du Sahel. Nous n'avons jamais eu d'éclaircissements à ce sujet par les autorités en place. Est-ce possible ? Probablement, après tout l'armée Mauritanienne est allée au contact de ces groupes à maintes occasions. Ce qui expliquerait aussi l'absence tout à fait agréable, d'attaques attribuées à ces derniers depuis quelques années en Mauritanie.
Ce qui me dérange c'est le caractère secret, pourquoi cacher aux Mauritaniens et au reste du monde, la réalité de la pression que ces gens font peser sur le fragile équilibre de nos pays ? Passer des accords avec ces groupes n'est pas en soi ce qui me choque le plus, car je peux envisager ce qu'un tel choix implique, pour ceux qui ont la lourde tâche, de devoir prendre ce type de décisions. Avant ces gens et la terreur qu'ils imposent, il y a l'intérêt de nos populations à prendre en compte.
Le G5 Sahel, est une tentative des pays qui en font partie, de se ravitailler en armes et en munitions, de bénéficier de couvertures aériennes, de disposer d'outils de communications permettant d'intercepter les échanges de l'ennemi, d'avoir des images satellites, le soutien diplomatique, tout ce qui leur manque pour juguler la menace terroriste et la réduire à néant. Le désintérêt de l'ONU et des USA pour cette initiative des pays de la région, est une incohérence de plus à mettre au service de cette volonté, consistant à faire durer la séquence terroriste, aussi longtemps que possible.
L'aide ne viendra pas, qu'on se le dise, il faut donc dormir sur cette déception et se réveiller avec de nouvelles idées, parce que le temps presse. Il faut partir du principe, que les trafiquants, les contrebandiers et les terroristes suivent les mêmes circuits. Nous devons miser sur notre intelligence, sur notre capacité à glaner des informations, à couvrir l'ensemble de notre territoire. Il faut savoir qui ils sont, comment ils se ravitaillent, comment ils communiquent, comment ils se déplacent ? Il faut avoir un système judiciaire capable de poursuivre les complices, de remonter l'origine des transferts d'argent, de convoquer des personnes étrangères s'il y a lieu et de traduire en justice les coupables.