Qui d’entre nous (Africains) n’a pas entendu au moins une fois : “ Notre indépendance est factice, nous ne sommes toujours pas libres de décider de notre destin”, de la part d’un compatriote ou d’un autre continental ?

Admettons un instant que cette assertion tant de fois ressassées soit vraie. Nous ne sommes pas indépendants. Que sommes-nous alors ? Quel est notre statut ? Que sont nos gouvernants ? À qui appartiennent vraiment nos territoires ? Vers qui notre regard, doit-il se tourner pour chercher des responsables au sort qui nous est fait ?
Si nous ne sommes pas officiellement colonisés, que nous ne sommes pas des citoyens à part entière, des hommes et des femmes libres selon le droit international, comment nous qualifier ? De prisonniers, d’indigènes, de créatures à ressemblance vaguement humaine et aux aspirations et désirs indéterminés ?
Nous avons hérité de territoires arbitrairement acquis par des envahisseurs militarisés et dont les contours sont aujourd’hui remis en question. Nous avons forgé des nations avec un cheptel humain, rassemblé manu militari par l’occupant dans une volonté de civilisation, dont la diversité ethnique que nous voyons comme une richesse, n’est en fait si l’on en croit le constat de nos anciennes colonies, qu’une construction vouée à l’échec.
Nous avons des dirigeants qui semblent ne pas aimer leur pays, leurs peuples, n’avoir pas de fierté ni d’ambitions personnelles a fortiori nationales. Nous avons des gouvernants, qui nous tiennent en respect par la force des armes, quand nous avons l’audace de réclamer les mêmes droits que d’autres dans ce monde, mais qui sont incapables de terrasser une bande de malfrats, de criminels, de contrebandiers, de dealers, de passeurs, de trafiquants, qui menacent mortellement nos régions, nos populations et nos modes de vies.
Nous sommes comme qui dirait dans une impasse.
Les grandes et moyennes puissances de ce monde, sont en train de s’activer pour préserver leurs positions géostratégiques ou en gagner, pour forcer de nouvelles alliances et pour empêcher la captation de certains marchés, par ceux qu’ils considèrent comme leurs concurrents ou rivaux.
Le Maghreb et le Sahel sont clairement des régions visées. Les puissances tutélaires européennes par leurs propres actions ont mis en péril ce qu’ils pensaient être une position dominante. La France et la Grande-Bretagne (2 pays du conseil de sécurité de l’ONU) en agissant de manière inconsidérée en Libye ont ouvert une brèche à la déstabilisation régionale. Les présidents Africains de la région se sont évertués à le dire en pure perte.
En voyant la situation leur échapper en Libye et se déplacer vers le Mali et dans d’autres directions. Les Français ont décidé de venir avec leurs soldats pour montrer qu’ils n’entendaient pas perdre cette position géostratégique et économique de première importance pour eux.
Depuis, la situation s’est dégradée, des réactions politiques endogènes, mettent en péril la légitimité de la France à demeurer au Mali. Si vous ajoutez à cela la crainte justifiée, de voir cet espace géographique tomber dans les mains d’autres puissances grandes ou moyennes, nous sommes en droit de nous demander ce que sera la stratégie de la France.
Il y a plusieurs possibilités qui se profilent à l’horizon, d’abord l’angle politique et diplomatique. Il serait illusoire de penser que les décideurs Français, n’utiliseront pas leur politique intérieure pour appuyer leur politique extérieure. Je ne vais pas vous brosser ici le portrait de la politique intérieure Française, mais vous pouvez comprendre qu’elle est liée à la question Africaine, Maghrébine et Islamique.
La diplomatie Française s’active déjà au moment où je vous écris. La restriction de l’octroi de visas à 3 pays du Maghreb (La Tunisie, l’Algérie et le Maroc), en raison de leur refus supposé de collaborer avec les autorités Françaises, en ce qui concerne le rapatriement de leurs ressortissants entrés illégalement en France.
La Covid-19 ouvre une autre possibilité dans la régulation de la migration et dans la circulation des personnes. En effet, mes chers frères et sœurs Africains, vous n’êtes pas vaccinés et quand vous l’êtes, c’est avec des produits donnés par les grandes puissances par compassion et charité. Ces produits font déjà l’objet d’une non-reconnaissance de la part de certains pays occidentaux.
Donc, tendez l’oreille, tenez-vous informé, beaucoup de changements ne vont pas tarder à survenir. Comme je me souviens un peu de mes lectures sur la pénétration coloniale en Afrique et notamment dans notre région. Je peux vous dire que si quelqu’un d’intelligent en France a entendu l’intervention de Dominique de Villepin du 6 septembre 2021 sur FranceInter. Il aura à cœur de revoir la stratégie opérative de l’Armée Française en Afrique.
Ce que les Djihadistes nous ont appris, c’est qu’il n’y a rien de plus déstabilisant pour une armée régulière, que de devoir se battre sur plusieurs fronts, contre plusieurs acteurs aux objectifs singuliers et qui agissent la plupart du temps sans concertation, dans un territoire gigantesque, avec la paranoïa permanente de voir se cacher un terroriste derrière chaque habitant.
Celui qui veut contrôler l’Afrique, doit contrôler les voies d’accès intérieures, les fleuves, les routes, les grands axes. Ce qui le place directement sur le chemin des populations.